Projet POSTEBOGUI

LE PROJET POSTEBOGUI

Le programme de recherche opérationnelle « [Re]vivre après Ebola en Guinée », dont le promoteur est l’INSERM, et qui est développé par l’Unité Mixte Internationale TransVIHMI (UMI 233 IRD / U 1175 INSERM) en partenariat en Guinée avec plusieurs services du CHU de Donka, l’INSP, les hôpitaux de Macenta, N’Zérékoré et Forécariah, l’association ALIMA, le Laboratoire d’Analyse Socio-Anthropologique de Guinée (LASAG) de l’Université de Sonfonia, et en France avec l’Unité de Biologie des Infections Virales Emergentes de l’Institut Pasteur de Lyon, la Plateforme d’Immunomonitoring INSERM U955 et le Laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses INSERM U980.

Ce programme a débuté en janvier 2015. Il vise à décrire et analyser les conséquences cliniques, immuno-virologiques, psychologiques et socio-anthropologiques de la maladie sur une durée de 24 mois après la sortie du Centre de Traitement Ebola (CTE).

La dimension opérationnelle se situe sur trois niveaux :
1/ favoriser l’accès aux soins des personnes guéries en mettant à disposition des consultations médicales pour lesquelles l’ensemble des soins, médicaments, examens complémentaires, hospitalisations sont fournis gratuitement, les frais de déplacement entre le domicile et les sites de consultation sont remboursés, une bourse de soutien financier est accordée aux personnes en situation de grande vulnérabilité économique avant de les orienter vers des dispositifs spécifiques (ce soutien financier a été élaboré en avril 2015 alors que les principales ONG étaient en train d’organiser leur dispositif de soutien social)
2/ renforcer les compétences des professionnels de santé (CHU de Donka) et chercheurs en sciences sociales (Laboratoire d’Analyse Socio-anthropologique de Guinée) impliqués dans la prise en charge des personnes guéries,
3/ renforcer les infrastructures de soins et de recherche : développement des plateaux techniques (biologie, virologie), construction d’un Centre de recherche clinique sur les maladies infectieuses à Conakry.

Evaluation et accompagnement des patients déclarés guéris
d’une infection par le virus Ebola en Guinée

Le virus Ebola est l’un des plus dangereux pathogènes de l’homme et constitue un problème de santé publique important pour les Etats d’Afrique sub-saharienne. L’épidémie qui s’est développée en Afrique de l’Ouest à partir de la Guinée en décembre 2013 est la plus importante et la plus complexe depuis la découverte du virus. Elle a produit plus de cas et de décès que toutes les précédentes flambées réunies.

Très peu de données sur les personnes survivantes sont disponibles. De solides données (évolution immuno-virologique à long terme, clairance du virus Ebola (EBOV), facteurs génétiques pouvant expliquer les différentes formes d’évolution d’EBOV) manquent cruellement. Or ces données sont essentielles pour le patient mais également pour la mise en place de recommandations de prise en charge et enfin pour prévenir les contaminations secondaires.

Les conséquences sociales et psychologiques d’un tel traumatisme sont majeures (stress aiguë post-infectieux, rejet familial, discrimination et difficultés de réinsertion professionnelle, etc.) et doivent être évaluées.

L’objectif est d’étudier les conséquences cliniques (séquelles), immuno-virologiques (évolution virologique, évolution immunologique et impact des co-infections sur cette évolution), psychologiques et socio-anthropologiques de la maladie sur une durée de 12 mois après la sortie du Centre de Traitement Ebola (CTE), et d’étudier chez les adultes les facteurs génétiques pouvant expliquer les différentes évolutions de la maladie à virus Ebola.

L’étude sera une cohorte dynamique, ouverte, multicentrique, multidisciplinaire, observationnelle de type descriptive et analytique, constituée d’adultes et d’enfants/adolescents guéris confirmés (deux PCR négatives à au moins 48 heures d’intervalle) après une phase aiguë d’infection à virus Ebola.

Le recrutement des adultes et enfants/adolescents se fera en collaboration avec les associations de patients guéris, dans le Service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Donka à Conakry et à l’hôpital préfectoral de Macenta.

Une visite d’inclusion, et des visites à 1, 3, 6, 9, 12, 18 et 24 mois après la date de sortie du CTE, permettront de réaliser une visite médicale complète associée à des entretiens psychologiques et sociologiques (selon les visites) ainsi que des prélèvements sanguins et d’autres fluides (urine, salive, selles, lait et selon accord des adultes, sécrétions vaginales ou sperme). Une partie des prélèvements sanguins ainsi que les fluides corporels, selon les volumes restant après analyse, permettront de constituer une collection biologique afin de confirmer les résultats obtenus en cours d’étude et, chez les adultes, de réaliser des études génétiques.